
Le poids de la neige.
Christian guay-Poliquin.
La Peuplade, Chicoutimi, 2016, 312 pages,
Ce livre me faisait penser un peu aux romans scandinaves, pas son dénuement, par la difficulté à vivre et survivre dans un village perdu, privé d'électricité, aux routes fermées etc. Sombre, mais plein d'espoir aussi, on se raccroche. Un accidenté de la route doit vivre avec un autre personnage incapable de quitter le village, dans une maison abandonnée. Les gens du village font un pacte avec cet homme; il devra s'occuper de l'accidenté (dont le père vivait avant son décès au village) et au printemps ils lui réserveront une place dans le convoi qui quittera le village.
J'ai énormément aimé. J'aime les dénuements les romans forts sans s'enfarger dans les mots inutiles.
description
Dans une véranda cousue de courants d'air, en retrait d'un village sans électricité, s'organise la vie de Matthias et d'un homme accidenté qui lui a été confié juste avant l'hiver. Telle a été l'entente : le vieil homme assurera la rémission du plus jeune en échange de bois de chauffage, de vivres et, surtout, d'une place dans le convoi qui partira pour la ville au printemps. Les centimètres de neige s'accumulent et chaque journée apporte son lot de défis. Près du poêle à bois, les deux individus tissent laborieusement leur complicité au gré des conversations et des visites de Joseph, Jonas, Jean, Jude, José et de la belle Maria. Les rumeurs du village pénètrent dans les méandres du décor, l'hiver pèse, la tension est palpable. Tiendront-ils le coup ?
Critique:
Blanc comme l’enfer
Seuls au monde tels des naufragés, enfouis « vingt mille lieues sous l’hiver », pendant que la neige tombe et menace de tout ensevelir. « Quand on regarde par la fenêtre, on dirait qu’on est en pleine mer. Partout, le vent a soulevé d’immenses lames de neige qui se sont figées au moment même où elles allaient déferler sur nous. »
Malgré cette matière plutôt contemplative, Christian Guay-Poliquin parvient à nous offrir un récit sombre et hypnotisant. Une histoire attentive à la beauté dramatique et froide du paysage, aux liens sociaux qui se disloquent, au désarroi et à la violence endormie, étouffée par l’hiver mais prête à renaître dès les premiers signes de dégel. Un hymne nordique et l’un des romans les plus forts de cette rentrée.