Un clin d'oeil à meusiotte
ALANAZ AYANA.
Magnifique 10 000 mètres ce matin. Alanaz Ayana, une jeune éthiopienne, s'est soudain élancée à au 5ème kilomètre, a pris son souffle et nous avons retenu le nôtre : à l'évidence, quelque chose se passait, une force aussi bien mentale que physique la soulevait dont nous percevions les vibrations. D'une foulée magnifique, celle d'une coureuse de 1500 mètres, elle a dépassé plusieurs fois d'autres sportives qui en restaient aux tours précédents, lesquelles d'ailleurs n'ont pas eu l'élégance de lui céder la corde, a entraîné les meilleures derrière elle ( 13 ont pulvérisé leur record personnel ) puis s'est envolée, souveraine, légère, fine et déterminée, pour réduire le record du monde de 14 secondes ! Un record du monde ancien qu'on croyait indépassable car réalisée par une athlète sans nulle doute dopée.
Non seulement justice est faite mais Alanaz Ayana a montré pour très longtemps je crois à quelle vitesse une femme peut courir.
Quand on songe que le restaurateur des Jeux, Pierre de Coubertin, ne voulait pas, à l'instar des Grecs anciens, que les femmes concourent ! Il les trouvait "incapables" et surtout "inélégantes" dans l'effort ! Dommage qu'il n'ai pas vu la grâce d'Alanaz Ayana qui l'aurait sans nul doute fait changer d'avis.
L'émotion continua à nous envahir quand Alanaz Ayana ...fit un tour de stade, accompagnée de la 3ème, sa compatriote et aînée Tirunesh Dibaba.
L'une est musulmane, l'autre chrétienne, et elles communiaient dans le même bonheur et la même fierté, même si elles ne partagent pas la même foi. J'avais envie de le souligner en ce temps de sottise et de violence sectaire.
Eric Emmanuel Schmitt